Après les pistolets (voir notre article ici), c’est au tour des grenades d’évoluer dans l’armée américaine.

En effet, l’armée américaine utilise depuis plusieurs décennies la grenade M67, une grenade à fragmentation qui a remplacé la M26, elle-même descendante de la Mk2 de la SecondeGuerre Mondiale.

Grenade M67 américaine (Image Wikipedia).

Grenade M67 américaine (Image Wikipedia).

Le grand public connaît tous ces modèles par les nombreux films, séries et jeux vidéos dans lesquels on aura pu les voir figurer. Certains militaires français ont eu l’occasion d’en tester, bien qu’il n’existe pas de grandes différences avec celles en service dans l’Armée Française ou d’autres pays, d’un point de vue technique.

Voilà qui pourrait bien changer.

Les grenades ETMP (Enhanced Tactical Multi-Purpose) développées par le Picatinny Arsenal avec la participation de l’ARDEC (Army Armament Research Development and Engineering Center) sont une nouveauté révolutionnaire.

Grenade ETMP (Source : army.mil).

Grenade ETMP (Source : army.mil).

En effet, plutôt qu’emporter une grenade de chaque type pour chaque type de besoin éventuel, les soldats américains pourront très bientôt n’emporter que celle-ci. A noter qu’en pratique, hors unités spécialisées ou spéciales, les américains n’ont plus que la grenade à fragmentation, les dernières grenades offensives ayant été retirées du service en 1975 après qu’il ait été découvert qu’elles polluaient les pas de tir à l’amiante, un produit hautement cancérigène comme chacun sait (et qu’on trouve toujours dans certaines grenades fumigènes militaires …).

La grenade ETMP est en effet paramétrable : effet de surpression ou effet de fragmentation selon le besoin (offensif / non-létal ≠ défensif / éclats vulnérants), sélectionnable via un sélecteur rotatif tout simple : F pour Fragmentation, C pour Concussion.

Mais l’innovation ne s’arrête pas là.

L’ETMP est également ambidextre. Fini les manipulations improbables au tir de la main “faible”, ou les remontages spécial gauchers, officiellement interdits, mais largement pratiqués dans certaines unités du JSOC.

Le détonateur est désormais électronique : fini le “environ 4-5 secondes” où tout le monde compte pour se rendre compte que c’est un coup 4, un coup 6, un coup 5, etc. Ici, le détonateur est réglable à la milli-seconde près, avec un taux d’explosion au délai de … 99,96%, les 0,04% restants étant dans la milli-seconde d’avant ou d’après.

Leur résistance aux chocs et aux sympathies potentielles a également été améliorée, pour optimiser stockage et transport.

Curieux de voir une grenade voler sans cuillère qui tombe ... (Source : Kit-up military).

Curieux de voir une grenade voler sans cuillère qui tombe … (Source : Kit-up military).

Et fini aussi la cuillère. Plus de bruit caractéristique (mais peu discret) au lancer, plus de parties qui peuvent s’accrocher dans les sangles, plus besoin de poches spéciales à détrompeur.

Le design de la grenade ETMP, s’il a été conduit par une équipe d’ingénieurs de très haute volée, est le fruit d’une campagne de recherche inédite : les chercheurs ont fait appel à un large panel de militaires jeunes, inexpérimentés, en cours de formation ou sortant tout juste de formation, dans un grand nombre d’unités et de spécialités différentes : différents mécanismes, formats, gabarits ont été fournis, et les prototypes réalisés via impression 3D. La solution retenue a fait la quasi-unanimité parmi les testeurs.

Autres particularités : absence de tout produit nocif pour l’environnement (pour ne pas polluer les champs de tir, la dépollution coûtant un bras aux contribuables US) comme pour l’utilisateur, détonateur et partie explo upgradable en fonction des évolutions technologiques futures.

Entrée en service prévue pour 2020.