MàJ du 19/12/16 et du 05/03/17 : voir parties en italique.
Certains d’entre vous le savent déjà, le calot (ou bonnet de police pour être exact) fait son grand retour dans l’armée française, et particulièrement dans l’Armée de Terre, depuis fin octobre – début novembre derniers. Il est en effet déjà la coiffure de service courant pour l’Armée de l’Air, pour les unités non “infanterie de l’air”.
Première question que nombre d’entre vous se posent : pourquoi ?
Trois raisons pratiques qui semblent justifier cela :
- d’une part une raison économique très probable : le calot coûte moins cher à confectionner que le béret, et dure plus longtemps : un béret fini assez rapidement par déteindre, perdre en superbe, l’insigne métallique s’use, blanchit etc. Le coût final dans la durée est plus élevé semble-t-il ;
- d’autre part une raison esthétique et de tradition : le calot, comme toute coiffe, est chargé d’histoire et de traditions, et il est probable qu’en haut lieu, avis que certains d’entre vous partagent, l’universalité du béret bleu marine ait fini par lasser;
- enfin, faire évoluer l’apparence publique du militaire semble important dans le cadre d’un recrutement plus important et d’une communication de masse.
Des changements qui vont au-delà de la simple coiffe
Les changements sont en fait une phase transitoire en attendant la création de nouveaux uniformes, de défilé notamment.
Ainsi, le “treillis de défilé” disparaîtrait au profit de la seule T32-T34, du moins pour les évènements publics.
Une nouvelle tenue de combat doit également faire son apparition, dans la lignée du remplacement des “Meindl” par les “Haix” Centre Europe (dont nous vous parlerons très bientôt en long, large et travers). En pratique il s’agirait seulement d’une harmonisation de la tenue Félin à l’ensemble des unités. On prie pour que le T4S1 reste le treillis de terrain (sans trop y croire, vu son coût).
Il serait également question du retour au blouson ADT. A suivre.
Le calot, oui, mais pour qui ?
Toutes les unités ne seront pas concernées par ce retour au calot. Pourquoi? Parce que toutes les unités n’ont pas le calot dans leurs traditions, ou pas avec la même empreinte. Ainsi, les troupes spéciales type infanterie spécialisée ont toujours porté le béret depuis la seconde guerre mondiale (chasseurs, parachutistes, commandos, …) qu’il soit noir, bleu roi, rouge ou vert. Idem pour les chars de combat. Universalisé en 1964, le béret a depuis réduit en taille et connu quelques légères évolution de couleurs d’armes (ALAT et TAP).
De fait, certaines unités garderont le béret :
- les chasseurs alpins, dont la tarte qui remonte à 1889 est l’ancêtre du béret. Tarte originellement destinée à garder les pieds au chaud pendant les froides nuits terrain, et probablement l’ensemble des troupes de montagne de la 27ème BIM;
- les parachutistes de toutes armes, qui gardent leur bérets respectifs (amarante ou vert avec insignes métro, colo, légion) ;
- l’ALAT qui garde son béret bleu roi;
- la Légion Etrangère et ses bérets verts à insignes métalliques variés;
- les RCC et leur béret noir;
- et le 2ème RH, qui a enfin eu gain de cause et se voit autoriser de façon officielle le port du béret brun marron officieusement porté depuis… chut!
Edit du 05/03/17 : à noter que le 1er RPIMa devrait passer à un béret amarante avec insigne spécifique SAS hérité de la Seconde Guerre Mondiale, voulu comme un retour aux sources … d’un insigne porté à peine quelques années, tirant ainsi un trait sur 60 ans de tradition BCCP / RPC / RPIMa marqués du dextrochère d’or puis d’argent posé sur l’ancre d’or.
Le béret reste la coiffure tactique de base, lorsque le port du casque ou d’autres effets n’est pas prescrit / nécessaire / pratiqué du fait des activités (casquette tactique notamment, en vigueur dans certaines unités de la BP).
Aux origines du calot
Le calot était à l’origine une coiffe de repos taillée dans la jambe d’un pantalon réformé de l’arme (d’où les différences de couleurs), agrémentée d’un pompon tombant sur le côté ou devant la tempe, et repliée de sorte à pouvoir tenir sur la tête. Elle était portée le plus souvent pointe pendante (en “flamme”). Très appréciée par les Dragons, corps d’élite de l’armée française d’Ancien Régime dont la coiffe de combat était particulièrement lourde et encombrante, rendant intéressant le port d’une coiffe légère et pratique pour le travail quotidien, elle fait son apparition réglementaire en 1786 (3 ans avant la Révolution Française) et devient très populaire tout au long du XIXème siècle, évoluant progressivement vers sa forme actuelle jusqu’en 1889.
Après la Première Guerre Mondiale, il se standardise et s’étend à l’ensemble de l’armée de Terre. La Colo le modifie à son goût, gardant un modèle sans soufflet dont les pointes sont rentrées et l’ensemble légèrement incurvé (“pipoter son calot”), et en fait son couvre-chef emblématique aux côtés du casque colonial.
A la fin de la Guerre d’Algérie, le CEMAT d’alors veut que l’Armée de Terre toute entière porte le béret ; les raisons réelles de ce choix sont toujours débattues mais les hypothèses liées aux évènements internes à l’armée en Algérie sont favorisées : la Colo fait de la résistance quelques années, mais dès 1964, toutes les armes de l’ADT sont passées au béret, exception faite des Chasseurs Alpins.
Rappelons que le calot était cependant resté présent de façon réglementaire dans l’Armée de l’Air et dans certaines unités de la Police Nationale, de la Gendarmerie Nationale, ainsi que dans une bonne partie des Lycées et Ecoles Militaires.
Et vous, que pensez-vous du retour du calot en service courant?
Edit du 19/12/16: une lecture complémentaire sur l’histoire des coiffes dans l’armée française, copieusement illustrée, ici.
“Il ne suffit pas d’avoir beaucoup d’hommes. Il faut qu’ils soient bien faits, bien vêtus, bien armés” disait Louvois (pas le logiciel trop souvent muet mais le Secrétaire d’Etat à la Guerre du roi Louis XIV). Vous remarquerez qu’il n’a pas dit qu’ils doivent être payés à l’heure. Farceur le pax.
Pour rappel, le béret alpin est porté par les régiments qui font parti des troupes de Montagne, pas simplement les chasseurs alpins.
Le 93e RAM et le 4RCh portent aussi la tarte 😉
Exact, l’ensemble de la BIM le porte, sauf les légionnaires. 4ème Régiment de Chasseurs dont il faut rappeler que, si appartenant à la Brigade d’Infanterie de Montagne, il est un régiment de cavalerie. Concernant l’info dans l’article, l’info que nous avons eue est que seuls les alpins-alpins garderaient la tarte en service courant, le reste repassant à terme au calot: vous confirmez?
le 7°Régiment du Matériel porte aussi la tarte, il ne fait pas parti de la BIM mais en fait le soutien d’où sa spécificité montagne.
Tiens, je venais justement d’apprendre que le calot allait probablement remplacer l’horrible casquette rouge des pompiers…
En tout cas dans mon département, au niveau national je ne sais pas.
bonjour,
le seul corps de sapeurs-pompiers concerné par cette réforme est le seul corps de sapeurs-pompiers appartenant à l’armée de terre: la BSPP. les SDIS, appartenant à la fonction publique territoriale n’est pas concernée par les réformes militaires. la casquette rouge n’est pas portée à la BSPP.
cordialement.
L uniforme est la peau du soldat .. adage d un de mes instructeurs à St Maix… Force est de constater que rien n est uniforme dans nos armées … Ca ressemble de plus en plus a l Armée Mexicaine ( pas celle qui a vaincu a Camerone ) chacun unite a sa tenue specifique , son équipement perso .. J attends la prochaine Evolution : les personnalisations d des grades : Au lieu des barettes des etoiles et des chevrons pour les sous off .; quand au Kepi c est out !!! meme les flics se sont mis a la casquette de rappeur…donc va t on voir les couvre chefs type Russes ou Nord amerloks dans nos unites d elites ??
C’était ainsi jusqu’à ce que l’état-major de 1962 ne décide d’uniformiser tout le monde pour 1) sanctionner certains corps après l’Algérie 2) satisfaire tous ceux qui voulaient ressembler à des commandos avec leur béret. Du coup tout le monde en béret. Retour aux traditions, via un simple calot qui de plus permet des économies, et permet de faciliter la comm’ des unités pour le recrutement. Faut pas se voiler la face, la “gueule” joue aussi beaucoup, et si tout le monde se ressemble plus personne ne se distingue, et ça donne moins l’envie de passer la porte (du CIRFA) aux potentiels intéressés 🙂 La casquette est d’origine prussienne, adoptée ensuite par les armées impériales russes puis britanniques, US etc. La PN a abandonné le képi car trop encombrant / coûteux / ressemblant à la GN etc. Et le képi, quelle horreur! Vivement un retour au shako, coiffe traditionnelle de l’armée française depuis près de 300 ans, dont le képi est initialement une simplification. Vous savez que les tenues de cérémonie / défilé colorées ont été abandonnées par souci d’économie en périodes de guerres? Fut un temps le marsouin français ressemblait farouchement à un Marine US, et pour cause, les Marines ont copié leur tenue sur celle des marsouins français ^^ Leur grande tenue est d’ailleurs fabriquée en France par la même boîte qui fait les tenues de la GR et des Ecoles si j’ai bonne mémoire.
À titre personnel, je trouve que le calot TDM avec sa forme de “bateau” a effectivement de la gueule, mais le calot TTA avec sa crête de coq sur le dessus est nettement moins élégant…
Pour ce qui est de donner aux jeunes l’envie de s’engager (comme mentionné dans l’article), je ne crois pas du tout que le fait d’avoir des soldats en calots plutôt que des soldats en béret change quoi que ce soit… surtout si les calots ne sont portés qu’au sein des régiments, et pas en mission ni en manœuvre!
Quant à l’aspect “économique”, il est discutable: aujourd’hui, chaque engagé perçoit deux bérets, et peut en commander de nouveaux avec son compte personnel d’habillement. Les calots, eux, ne sont pas encore prévus sur ces carnets d’habillement (et ne le seront pas avant un bout de temps, semble-t-il), et ne sont pas perçus par les jeunes engagés. En clair: chacun va devoir s’acheter son propre calot (entre 20 et 30€ selon les modèles et selon les maîtres tailleurs), et le faire re-galonner également à ses propres frais. Et quand on connaît les délais de travail des maîtres tailleurs aujourd’hui, il faudra que les intéressés prévoient un autre calot le temps du regalonnage par exemple… pas si derangeant que cela en soi, mais en prenant le temps de prévoir cette réinstauration du calot du point de vue logistique, ces quelques désagréments auraient été évités.
Enfin, passer au calot, pourquoi pas, mais quitte à le faire, autant le faire pleinement, et utiliser cette coiffe partout, y compris en mission/stage/manœuvre, au lieu de multiplier les coiffes sans véritable intérêt ni lisibilité…
+1000 pour le calot TDM, forcément. Pour le reste, vous lisez dans nos pensées / craintes ! Ca donne au final l’impression d’un dossier vite expédié, d’ailleurs le traitement médiatique du sujet le reflète: absent. A croire qu’on veut éviter d’aborder le sujet …
Dans cet article , vous parlez du port du béret marron par le 2RH.
L’ensemble du régiment arbora cette coiffure lors de la passation de commandement fin juin 2005. Mais le port en avait été systématisé plusieurs mois auparavant mais uniquement au sein de la garnison. Malheureusement suite à une “délation” sur le blog de l’ADEFDROMIL, qui a fait un comparaison entre la couleur de cette coiffure de tradition avec celle des chemises portées en 1933 chez nos voisins Teutons, … Le port en fut supprimé à l’automne 2005.
Et cela jusqu’à l’autorisation du GA Bosser …”
COL JB de F.
78éme Mestre de camp de Chamborant Houzards
[Grade militaire de l’Ancien Régime, le mestre de camp est le chef d’un camp, c’est-à-dire d’un régiment. À l’origine sous l’autorité du colonel général, il en endosse les prérogatives lorsque ce dernier est supprimé en 1661. Le grade disparaît officiellement juste avant la chute de la monarchie en 1788.]
Mes respects Mon Colonel, nous avions répondu à votre mail directement sur la boîte, a priori échec de transmission, serveur maybe.
Salutation,
j’ai trouvé votre article très intéressant. il est amusant de voir à quelle point les tètes pensantes de notre armée cherchent ou accordent le port de telle ou telle coiffure alors que d’un autre coté des traditions s’évaporent doucement.
Nous pouvons néanmoins nous réjouir d’avoir une armée qui n’oublie pas son histoire (notamment au sein des unités)
Staff Sgt. GOOD
Bonjour, merci ! Même analyse de notre côté.
je découvre votre site …c’est super.
Merci 🙂 Bonnes lectures alors 😉
Pour les visiteurs curieux de la chose militaire, on parle bien d’une tenue de service courant, pas des grades occasions.
Pour lesquelles il y a le képi et le tricorne:
http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2021/07/10/tricorne-22297.html
https://www.ouest-france.fr/normandie/evreux-27000/14-juillet-des-tricornes-fabriques-en-normandie-sur-la-tete-des-femmes-au-defile-parisien-cba3b12c-e0b7-11eb-9be0-01246e2ebe9b
Le retour du calot, parler chiffon, on adore ça!
https://twitter.com/armeeszne/status/1560529498356871170